Le théier : le Camellia sinensis, à l’origine de tous les thés

Camellia sinensis

Pour produire l’une des boissons les plus consommées au monde, une seule plante est mise à contribution : le théier, connu sous son nom botanique de Camellia sinensis. C’est exclusivement à partir des feuilles de cet arbuste que sont fabriqués tous les types de thés.

D’où vient le nom Camellia Sinensis ?

Le nom latin du théier est riche de sens. L’espèce sinensis indique que la plante fut découverte par les botanistes européens en Chine.

Le genre Camellia, quant à lui, fut nommé par Charles Linné en 1737 en hommage au père Georges Joseph Kamel. Ce jésuite et botaniste aurait été le premier à rapporter un camélia en Europe, bien que ce ne fût pas l’espèce à thé.

L’Europe est aujourd’hui remplie de camélias ornementaux, dont l’espèce la plus courante est le Camellia japonica (comme son nom l’indique, découvert au Japon 😊). Cette plante se répandit rapidement dans les cours royales et princières européennes.
C’est le Nantais Henri Favre qui, au début du XIXe siècle, a démocratisé la culture du camélia en prouvant que cet arbuste pouvait très bien s’épanouir à l’extérieur, hors des serres. Le climat doux et humide de la Bretagne et de l’Ouest de la France lui était idéal.

Une plante, plusieurs sous-espèces et hybrides


Malgré l’unicité de l’espèce (Camellia sinensis), trois grandes sous-espèces sont cultivées pour le thé.

  1. Le Camellia sinensis sous-espèce sinensis (dit “théier chinois”) : arbuste résistant au froid et majoritairement cultivé dans les plantations aux climats non tropicaux.
  2. Le Camellia sinensis sous-espèce assamica (dit “théier d’Assam”) : arbre qui aime la chaleur et l’humidité, il possède de grandes feuilles, souvent cultivé dans le Triangle d’Or.
  3. Le Camellia sinensis sous-espèce cambodiensis : originaire du Cambodge, est particulièrement recherché pour sa puissante capacité d’hybridation, essentielle à la création de nouveaux cultivars résistants.

C’est à partir de ces trois sous-espèces que les producteurs développent d’innombrables hybrides et cultivars (variétés sélectionnées). Ces nouvelles plantes sont obtenues par des techniques horticoles précises telles que le bouturage, le marcottage ou le greffage, permettant de garantir des caractéristiques (résistance, rendement, saveur) spécifiques.

Quel théier pour produire du thé noir, du thé vert ?

En principe, n’importe quel thé peut être fabriqué à partir de n’importe quel Camellia sinensis. Ce n’est pas la plante elle-même, mais le processus de transformation appliqué aux feuilles après la cueillette (oxydation, flétrissage, roulage, chauffage) qui détermine le type de thé final : blanc, vert, oolong, noir, etc.

En pratique cependant, l’efficacité et la qualité dictent l’usage de sous-espèces spécifiques :
– La sous-espèce sinensis, plus délicate et résistante au froid, est privilégiée pour les thés verts et les thés blancs.
– La sous-espèce assamica, aux grandes feuilles robustes, est principalement utilisée pour les thés noirs (comme l’Assam ou le Ceylan) et les pu-erh.

Comme dans toute culture agricole, l’homme a poussé cette spécialisation en développant et en sélectionnant des cultivars (variétés spécifiques). Le choix d’une variété de théier est complexe et dépend du terroir (altitude, type de sol), de la saison de cueillette et du type de thé que l’on souhaite produire.

C’est pourquoi, depuis les années 1960, de nombreux pays producteurs investissent massivement dans la recherche. L’objectif est de créer de nouveaux hybrides garantissant un meilleur rendement, une plus grande résistance aux maladies, ou des qualités organoleptiques exceptionnelles.

Théier, feuille de thé avec bourgeon et une feuille

Le théier est-il un arbuste ou un arbre ?

L’image classique des théiers est celle de vastes champs où les plantes ne dépassent pas 1,5 mètre de hauteur. Ces arbustes bas sont le fruit d’une intervention humaine constante : ils sont régulièrement taillés, dès leur croissance et après chaque récolte, pour faciliter la cueillette et stimuler la production de jeunes pousses.

Pourtant, la nature véritable du théier est celle d’un arbre pouvant atteindre 10 à 15 mètres de haut s’il est laissé libre. L’existence de ces théiers sauvages ou semi-sauvages est attestée par des cueillettes traditionnelles : certaines ethnies des montagnes du Triangle d’Or (régions du Yunnan, de la Thaïlande, etc.) cueillent encore directement les feuilles sur ces grands arbres.

Où pousse le théier dans le monde ?

Le théier a des exigences spécifiques pour s’épanouir : il nécessite un climat caractérisé par l’humidité, la chaleur et un ensoleillement voilé (peu de rayons directs).
Il exige également un sol acide et bien drainé, bien qu’il puisse résister aux grands froids, notamment en haute altitude.
D’une manière générale, il ne peut survivre dans un environnement trop sec ou désertique.

On peut définir 3 aires différentes qui définissent son expansion

Le berceau asiatique (avant le XIXe siècle) : Originaire du Triangle d’Or (région frontalière entre la Chine, le Myanmar, le Laos et la Thaïlande), le théier s’est d’abord répandu exclusivement en Asie par les échanges culturels et agricoles. Ses principaux foyers historiques sont la Chine, la Thaïlande, le Viêt Nam, le Laos, la Birmanie, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan.

L’Ère coloniale et au-delà (à partir du XIXe siècle) : Les puissances occidentales ont introduit le théier massivement pour briser le monopole chinois. La culture s’est ainsi implantée en Asie (Inde, Népal, Indonésie, Sri Lanka, Bangladesh), en Afrique (Kenya, Malawi, Ouganda, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Éthiopie), au Moyen-Orient (Iran, Turquie, Géorgie…), en Europe (Portugal, Russie…) et Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Équateur…).

Les nouvelles micro-plantations : Plus récemment, des plantations plus modestes ou expérimentales ont vu le jour dans des pays tempérés, notamment l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et plusieurs pays d’Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni), témoignant d’un regain d’intérêt local pour sa culture.

Le thé pousse-t-il en France ?

Oui, le théier s’installe en France ! Bien que la culture du thé soit restée anecdotique pendant longtemps, on assiste depuis les années 2015 à l’émergence de nombreux projets pionniers dans l’Hexagone.

Ces passionnés cherchent à prouver que le climat français (notamment dans certaines régions tempérées et humides) est propice au Camellia sinensis.

Les initiatives se multiplient, notamment en Bretagne (comme l’exploitation théicole que nous suivons dans le Morbihan) et dans les Pyrénées (thé de l’Arrieulat). Ces micro-plantations ouvrent la voie à l’idée d’un thé de qualité, cultivé et transformé localement.

Où acheter un théier en France ?

Le Camellia sinensis est de plus en plus facile à trouver en France, que vous soyez un simple curieux ou un futur producteur. Étant donné que le théier est un cousin du camélia ornemental, vous pouvez vous procurer des plants dans les pépinières spécialisées ou chez les producteurs locaux.

Certains des pionniers français qui ont lancé des exploitations théicoles (notamment en Bretagne ou dans les Pyrénées) proposent également la vente de plants pour les particuliers, garantissant des variétés adaptées au terroir local.

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7 Commentaires sur “Le théier : le Camellia sinensis, à l’origine de tous les thés

  1. Guest dit:

    Bonjour,

    merci pour la réponse, parce que je savais que le nom botanique, donné dans le 1935 pendant le VI Congres International de Botanique, est: “Camellia Sinensis (L) O. Kuntze” que signifie:
    -(L) = Linneo là première personne qui l’a classifie
    – O. Kuntze = qui l’à découvert

    Famiglia: Teacee
    Genere: Camelliacee (circa 150 specie)
    Specie: Sinensis (= China)

    Donc il y a le sous espèces: camellia sinensis sinensis, le camellia sinensis assamica et le camellia sinensis cambodiensis.

    Barbara

  2. cyriladmin dit:

    Je vous confirme: le thé est seulement issu de l’espèce camellia sinensis.On a ensuite 3 sous espèces: camellia sinensis sinensis, le camellia sinensis assamica et le camellia sinensis cambodiensis. On réalise plusieurs hybrides à partir de ces sous espèces.Cordialement.

  3. Guest dit:

    Bonjour,
    je voudrais miex comprendre.
    Les plants Assamica et Cambodiensins sont sour-espèce comme la Sinsensi où sont Hybrides.
    Parce que je pensé qu’il y avait seulement une sous-espèce et que les autres ils étaient hybrides.

    Merci bien pour la reponse et excuse moi pour mon français.

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